Selon un rapport de l'Union des Libertés Civiles
de Hongrie, environ 80% des jeunes entre 16 et 30 ans auraient consommé
au moins une fois du cannabis. Une consommation en nette augmentation
dans un pays où transite de plus en plus de produits illicites
Péter Sarosi, coordinateur du programme d'étude sur
les usages de la drogue, a décrypté pour nous le rapport officiel de
l'Observatoire Européen de Drogues. Publié tous les ans, ce rapport
permet aux spécialistes de faire le point et de tracer dans les grandes
lignes le contenu des campagnes de prévention.
Car c'est bien de prévention et non de répression qu'il s'agit. Pour Péter, le rôle principal de l'ULCH "c'est
le respect des droits de l'Homme, nous voulons décriminaliser l'usage
des drogues afin de nous concentrer sur le soutien psychologique et la
résolution de ce problème de santé publique". L'association prône
donc la dépénalisation des drogues douces dans un premier temps, puis
la légalisation, son argumentation s'orientant autour du fait
qu'aujourd'hui, les usagers de drogue sont immédiatement punis sans
suivis médical. "Il y a des drogues beaucoup plus dangereuses que le cannabis, la cocaïne ou l'héroïne" s'inquiète Péter. "Les
amphétamines, par exemple, distribuées en grande quantité par les
médecins, ou le tabac dont la dépendance est plus forte que celle à
l'héroïne." Autrement dit, une personne qui a une forte assuétude
pour les amphétamines bénéficie d'un soutien hospitalier pour s'en
sortir et n'est pas pénalisée ou considérée comme un criminel. Or,
selon Péter, tout ceux qui sont accoutumés à une drogue quelle qu'elle
soit, ont besoin d'un suivi médical et non pas d'être traqués par la
justice.
Mise en place d'un lobby de la drogue
A
l'heure actuelle, une personne contrôlée dans la rue en possession
d'une petite quantité de drogue (1 gramme du cannabis circulant dans
les rues de Budapest ou 10 pilules d'ecstasy) est arrêtée, emmenée au
poste de police, et doit fournir un échantillon d'urine. Une procédure
judiciaire est ensuite ouverte avec, selon les cas, l'inscription du
délit dans le casier judiciaire (non automatique depuis 2002 et
l'action de l'ULCH), accompagnée de travaux d'intérêt généraux sur une
période de 6 mois. Une procédure très lourde à la fois pour le
contrevenant et pour la police, qui interpelle de plus en plus de
personnes.
L'organisation agit donc comme un lobby de la drogue et
fait pression sur le gouvernement pour qu'il n'y ait plus d'arrestation
et qu'un effort soit fourni au niveau de la prévention et du suivi des
consommateurs. C'est dans ce cadre que Péter Kiss, ministre du Travail
et des Affaires sociales, a annoncé un plan de prévention ainsi qu'un
investissement de 7,5 milliard de HUF (30 millions d'euros) sur les 7
prochaines années pour des campagnes d'information sur les dangers de
la drogue, et de 16,4 milliards consacrés au gens souffrant
d'accoutumance aux drogues. Ce programme sera accompagné par un plan
média et l'instauration de forums de discussion dans les facultés.
Au carrefour des "Europes", la Hongrie sert le trafic
L'ULCH
travaille conjointement avec les pays d'Europe de l'Est afin de
renforcer la lutte contre la prohibition. Cependant, cela ouvre les
portes au trafic. La Hongrie, de par sa situation géographique, est un
pays dit de "transit" : depuis l'entrée dans l'Union européenne et
l'ouverture de ses frontières aux autres pays de l'espace de Schengen,
la circulation de produits interdits s'intensifie. Un casse-tête que
l'organisation de Péter voudrait résoudre en légalisant les drogues : "S'il n'y a plus de lois alors il n'y a plus de trafic", souligne Péter.