SZIGET 2007 : Színház, la perle culturelle du festival
Le théâtre est sans doute pour le festival Sziget ce
que Budapest est au Danube, un trésor caché au milieu d'un périple
épique de plusieurs milliers de kilomètres. De nombreux artistes
viennent montrer ici leur dernière création, à l'ombre des grands
groupes commerciaux
Danse contemporaine, théâtre traditionnel, art de rue,
cabaret ou expérimentations hybrides entre musique électronique et
impressions visuelles, la programmation des scènes de théâtre est à
l'image de l'éclectisme du festival, comme une malle au trésor où on
retrouve toute sorte de bizarreries intellectuelles qui emportent nos
esprits le temps d'une représentation.
Le bal a été ouvert par le
metteur en scène franco-hongrois, Pál Frénak et sa compagnie, que nous
avons rencontrés pendant les répétitions. Né en Hongrie de parents
sourds et muets, Pál attache beaucoup d'importance au langage du corps
et si ses danseurs sont tous de nationalités différentes, cela importe
peu car ils savent déchiffrer les gestes. Sa compagnie, fondée en 1989,
a depuis évolué et présente cette année un nouveau spectacle, Instinct. Pour Pál, il s'agit surtout de créer "quelque chose qui se cristallise et qui traverse les gens", les gens doivent se questionner, "qui nous habite ? qui sommes nous dans nos corps ?".
Le
metteur en scène franco-hongrois, qui affirme avoir été inspiré par le
philosophe Yves Deleuze, avoue que son spectacle n'est pas terminé.
Selon lui, "il n'y a pas d'histoire mais une lecture possible,
propre à chacun. L'œuvre, elle, est en constante gestation, ouverte aux
nouvelles expériences. " Et si l'effet visuel est impressionnant en soi, il est également enrichi par une énergie musicale. Pour Pál, "la scène est un laboratoire musical, on compose en temps réel, en même temps que je mets en scène." Celui qui se dit "plus intéressé par l'être que par le savoir des gens", concède que le festival n'est pas l'endroit idéal pour une avant-première, mais au moins, "la jeunesse du festival se reconnaît dans son travail et souvent, revient voir les spectacles."
De l'impro, des stars, de la musique et de l'humour
Une jeunesse qui saura sans doute apprécier les autres spectacles offerts dans la zone théâtre du festival. TÁP par exemple, une compagnie hongroise fondée dans le bar culte Tilosúz Á
et qui s'est spécialisée dans l'improvisation. Les gens peuvent écrire
des sujets sur un petit bout de papier et les acteurs brodent une
histoire à partir de là (en hongrois uniquement malheureusement).
Eszenyi Enik, encore, la célèbre actrice hongroise qui a déjà remporté
le prix Kossuth (ndlr : équivalent des Césars en France), animera une
soirée hommage, en interprétant des textes de poètes et écrivains
féminins hongrois. Egalement lauréate du prix Kossuth, Bozsik Yvette
était aussi de la partie jeudi dernier, la très influente metteur en
scène présentait sa propre version de la Flûte Enchantée.
Les artistes français sont pour leur part très largement représentés, avec entre autres, la Compagnie Révolution,
qui sait habilement mêler jazz et "break dance" avec des jeunes femmes
magnifiques, en talons hauts et qui font du hip hop. Le mélange est
saisissant et même envoûtant. Emilie Simon propose, elle, une version
théâtrale de son dernier album Végétal, avec lequel elle a remporté les dernières Victoires de la musique.
Enfin nous ne serions que trop vous conseiller l'humour décapant des espagnols de Tricicle et leur dernier spectacle Tricile 20,
les acteurs de la péninsule ibérique écument théâtres et cabarets à
travers le monde depuis des années et sauront sans aucun doute vous
faire passer une bonne soirée.